J'ai voyagé dans le temps...

...pour soigner mes relations dans le présent.

L'Introspecteur
5 min ⋅ 04/07/2024

Bonjour les applaudicœurs,

Y’a un mois, j’ai fait un truc méga chelou. Avant de vous le raconter, un peu de contexte. L’automne dernier, j’ai rompu avec une femme avec qui je projetais de faire ma vie.

Après avoir BEAUCOUP pleuré, je me suis demandé : comment faire de cette rupture non pas une fin mais un point de départ ? Le commencement d’une nouvelle manière de concevoir et vivre mes relations amoureuses ? Face à ces questions, un visage n’arrêtait pas de revenir dans mon imagination : celui de Nicolas Sarkozy.

Quelle indignité.

Nan j’dec, c’était le visage de ma toute première amoureuse, quand j’avais 15 ans (nous l’appellerons Célia). Le message était clair : pour ouvrir une nouvelle porte, il fallait que j’en referme une. Que je clos un cycle de relations vieux… de 18 ans.

Ok, et c’est là que ça devient chelou. Parce que j’ai voulu le faire, mais pas seulement en pensée. En actes aussi. En spatialisant mon voyage temporel. Je suis donc retourné sur les lieux de ce premier amour, où je n’étais pas revenu depuis une vingtaine d’années.

Ça m’a. Pété. Le crâne.

C’est parti, je vous emmène avec moi.

Sur le chemin de l’amour

Mon but était donc de retourner dans les endroits iconiques de cette relation avec Célia, comme pour dire “au revoir”. Mais le trajet a pas été si direct. Sur le chemin de ces lieux de mon adolescence, j’ai bifurqué pour carrément retourner sur ceux de mon enfance.

À partir de là, chialade non stop. Mais pas de tristesse. De réconfort. De sécurité. PARDON ? Y’avait un truc qui collait pas. Parce que j’ai pas eu une enfance super agréable. Pourquoi alors ce sentiment d’être “à la maison” ?

Et bien parce que j’avais fait un amalgame : mélanger la période et la famille.

Mon foyer, avec mes parents et mon frère, était un environnement violent. J’en avais pas conscience à l’époque, mais je m’y sentais seul et menacé.
Comme c’est le lieu où nos premières loyautés relationnelles s’établissent (on doit être loyal à sa famille pour ne pas être exclus du groupe et garantir sa survie), j’avais fait un prix de groupe en me disant “mon enfance = appart familial”, et comme “appart familial = danger” alors “toute mon enfance = de la m*rde en barre”.

Sauf que, en marchant 20 ans plus tard dans les rues, je me suis rappelé que c’est là que mon enfance s’est réellement construite : dans la rue ! Dehors, sur mon vélo, à pédaler en écoutant de la musique et en sonnant de maison en maison pour voir si les copains voulaient sortir.

Ça a peut-être l’air de rien, mais ça a fendu un espace dans mes souvenirs. J’ai aussi été un enfant heureux. Juste : pas chez moi.

Et c’est pour ça que je passais mon temps à l’extérieur. À la recherche de l’amour que j’avais pas à la maison. Ce que j’ai fini par trouver… chez Célia.

Amour en force

Je me suis donc mis en chemin pour chez Célia. Et sur le trajet, je me suis retrouvé devant… une haie. Voilà. Trop bizarre nan ? Un mur mais en arbustes. Allons bon. Nan ok, cette haie n’était pas n’importe quelle haie. Elle a eu un rôle très particulier lors de ma relation avec Célia.

Au tout début de notre histoire, Célia a pris peur et elle m’a plus ou moins quitté. Après qu’elle m’ait annoncé ça, j’étais abasourdi. J’ai marché comme un zombie sans savoir où j’allais, perdu dans des pensées sombres. J’étais tellement absorbé par ma tristesse que j’ai fini par ne plus regarder où j’allais… jusqu’à ce que je me prenne cette haie en pleine face. Ça m’avait fait un électrochoc. Je m’étais dit : “Non mais c’est mort, je vais regagner son amour !”.

What. The. Actual. F*ck.

Me rappeler de ça, 18 ans plus tard devant cette même haie, m’a fait un deuxième électrochoc : j’ai passé ma p*tain vie amoureuse à vouloir gagner l’amour. Et tout a commencé là. Parce que ça avait marché ! Elle s’était remise avec moi, et on a eu une histoire d’un an (ce qui, à l’adolescence et dans Inception, équivaut à 10 ans).

Dans mon modèle familial, l’amour semblait conditionnel. Il fallait le mériter. Probablement pour ça que je suis allé vers des femmes hard to get ensuite. Et quand elles tombaient amoureuses, boooOOoooring. Je créais du drama, et soit on pouvait se reconquérir, soit on se déchirait.

Voilà pourquoi ma relation récente avait foiré. Pour que j’épuise une dernière fois ce schéma de conquête-désintérêt. Et que j’en sorte. Parce qu’un couple nous fait répéter nos schémas d’attachement. Comme si on rejouait une pièce de théâtre inconsciente pour y trouver une justice rétrospective.

Sauf que j’ai une mauvaise nouvelle : on n’aura jamais justice. Le couple fait remonter à la surface ces manques, mais c’est à nous, et non notre partenaire, de les transformer.

Devant cette haie, j’ai pu réaliser tout ça et prendre une nouvelle décision. Je ne convaincrai plus jamais personne de m’aimer. I’m done.

Et pour ça, il fallait que je désactive une dernière violence que je j’ai faite à l’amour et à mes relations depuis cette période : vivre dans un monde idéal.

Fusion et confusion

Cette dernière chose, je l’ai réalisée en arrivant devant chez elle. Voir sa maison m’a immédiatement rappelé notre première nuit où, après avoir parlé des heures, on était monté sur le toit pour regarder le soleil se lever. J’avais l’impression que ma vie commençait enfin. Que j’étais sauvé.

Ce côté très absolu montre que j’avais confondu l’amour et l’idéal de l’amour.

Sauf qu’idéaliser est une manière de se faire perpétuellement du mal dans le présent. On pense que c’est un signe d’excellence, genre on vise le meilleur. Sauf que c’est une comparaison permanente à quelque chose qui n’existe nulle part ailleurs que dans notre tête. Et qui nous contraint à toujours être, dans les faits, une version ratée de ce qu’on pourrait être.

Lorsque la réalité m’a rattrapé, je suis devenu méchant envers Célia. Je lui en voulais de pas “être à la hauteur”. Mais à la hauteur de quoi, de mes standards de l’amour #CupidonEnPLS ? C’est ce que je croyais sur le moment. Mais c’était l’écran de fumée qui me gardait dans l’obscurité.
Cette frustration, c’est ce qu’on appelle une émotion secondaire, ou émotion-racket. La colère, le ressentiment, la jalousie, bref : les émotions flamboyantes. Ces émotions sont généralement les gardiennes d’émotions primaires plus sensibles (la peur, la vulnérabilité, la tristesse, etc.) qui nous effraient parce qu’on pense qu’elles nous exposent et nous enlèvent notre pouvoir d’agir.

C’est là que tout a cliqué pour moi. Voilà ce que j’étais venu faire dans ce voyage bizarre : comprendre l’émotion originelle qui me faisait répéter un cycle de relations ratées.

Et pour moi, c’est la solitude.
Je me suis toujours senti infiniment seul.

Je me suis jeté en relation pour essayer de l’oublier. Pour que quelqu’un d’autre me sauve du vide que j’avais dans la poitrine depuis l’enfance et qui me terrifiait.

Alors, dans ce lieu du passé, j’ai pu dire : pardon. À elle. À elles.

C’était pas à vous de m’offrir une expérience corrective. C’est à moi d’être la personne qui m’a toujours manqué.


Votre introspection

  • Quels sont les lieux que tu ADORAIS étant enfant ? Retournes-y, si possible physiquement, sinon en imagination, et vois les souvenirs qui remontent à ta conscience.

  • Comment c’était autorisé d’exprimer l’amour dans ta famille ? Et comment il ne s’exprimait surtout pas, alors que tu en aurais eu besoin ?

  • De quoi tu as manqué quand tu étais enfant que tu es allé·e chercher à l’extérieur ?

  • Quelles conclusions as-tu tiré de tes premières histoires d’amour et sur lesquelles tu n’es jamais revenu·e depuis ?

Si vous vous retrouvez à répéter toujours les mêmes schémas, sachez qu’il est possible d’en sortir ! C’est quelque chose que nous pouvons travailler ensemble à mon cabinet, ou avec tout·e autre thérapeute de confiance.

Mes recospections

L'Introspecteur

Par Florian D'Inca

Hypnothérapeute et créateur des podcasts "Mise à Mâle" et "Le Divan de la Pop Culture", j'essaie de comprendre ce qu'il y a en-dessous des masques. Perso j'suis Batman.